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couverture

Le livre de Charlie LeDuff (Detroit, an american autopsy, 2013) est certainement le meilleur que j’aie pu lire au sujet des événements qui ont précipité la chute de la ville. Non seulement parce que LeDuff travaillait à cette époque au Detroit News et a largement documenté par ses articles l’état de la ville et de ses services publics (police et fire dep. notamment), mais surtout parce que son ton, son style « hardboiled », la mise en scène de son propre personnage font de ce récit journalistique un texte plus personnel qu’il aurait pu l’être. On est assez proche ici du roman noir. L’histoire familiale de LeDuff, la mort de sa soeur, les problèmes de travail de son frère et ses propres ennuis quotidiens donnent une chair au récit et font singulièrement résonner l’histoire de Detroit, ville dont il est originaire, avec la sienne.

Les histoires que LeDuff raconte à propos de la ville dans ces années-là n’ont pas de lien direct avec celle que j’ai inventée pour Il était une ville : pas de projet automobile, pas de disparitions d’enfants. Mais j’ai trouvé dans son récit une toile de fond documentée qui, en plus de fournir quelques effets de réel (la chronologie de l’affaire du maire Kilpatrick notamment, qui occupe une large partie de son récit et pourrait fournir la trame d’un roman policier à elle seule), me donnait une atmosphère, une vision globale de la ville, aussi inspirante que les photos de Marchand et Meffre dont j’ai déjà parlé sur ce blog.

Pour LeDuff, Detroit est le « canari dans la mine de charbon », comprenez une image de l’Amérique, la première ville à s’étouffer pour prévenir les autres. A propos de son enquête, il écrit :

I looked out the window realizing that Detroit was doing something to me that a story’s never done to me before. It was hurting.

Je ne peux qu’en conseiller la lecture à ceux qui voudraient se documenter plus avant sur la crise de Detroit.

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