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A la demande d’une association, j’avais eu l’occasion de décrire en 10 titres ma « bibliothèque idéale« . La voici :

Pas de titres mais plutôt des auteurs.

Artaud pour l’enjeu, la charge éthique et vitale qu’il met dans sa pratique de l’art, Artaud pour ne pas oublier cette exigence, même si elle demeure inaccessible, Artaud comme horizon, non comme modele à suivre mais comme mythe si l’on veut, Artaud tel un Orphée descendu aux enfers, montrant la voie du poète. Artaud est à part. Dans cette catégorie je rangerais peut-être aussi le livre de l’intranquilité de Pessoa.

Ecuador de Michaux et l’on glisse déjà vers une expression plus douce, plus amusée de cette intranquilité et de cette solitude à quoi le geste de création renvoie toujours. Une forme d’élégance dans l’angoisse.

Arrive alors Brautigan, le vieil ami, le compagnon. La première fois que j’ai eu l’impression de rencontrer quelqu’un en le lisant. Pas de titre, tout. On peut avoir ce dialogue aussi avec de grands anciens.

Montaigne, que j’ai toujours envie de lire avec l’accent périgourdin que je connais. Montaigne qui me parle, et d’où je viens. Je suis un admirateur de la Renaissance plus que des Lumières, de l’Italie et du baroque plus que des Flandres et de la raison. Jusqu’au dix-septième siècle, tournant, moment que j’admire, que je juge plus bouleversé, plus inquiet et, finalement, plus proche, que celui qui vit la révolution et adopta avec autorité et suffisance le systeme métrique et la raison universelle.

Au dix-septième, je pourrais tout garder. Disons la Princesse de Cleves puisqu’il faut un titre. Chef d’œuvre limpide et retors qui concentre en lui tant de contradictions du siècle et tant d’inquiétude dans tant de pureté de style. Je ne vénère pas le dix-huitième siècle. Sauf Rousseau.

Les choses auraient pu être bien différentes si notre civilisation avait choisi la voie ouverte par Rousseau, disons celui des trois discours dont l’origine du langage, celui des Rêveries du promeneur solitaire, plutôt que Voltaire le polémiste, l’atrabilaire, le raisonneur. J’en suis déjà à 7…

Bon, tant pis pour le XIXe, il y en aurait trop à mériter de figurer dans n’importe quelle bibliothèque idéale. De toute façon, Evidemment, une bibliothèque « idéale » commencerait par etre une bibliothèque bien fournie. 10 titres, c’est une étagère. Revenons vers des titres à partager, à faire découvrir.

Du côté de la culture pop, par exemple. Une bande dessinée : les Watchmen. Cette BD, que je découvrais adulte, me semble résumer à la perfection l’imaginaire et l’esprit de mon enfance. Les Mailles du réseau de Bruce Sterling, un roman de SF magistral et inspiré. Il n’en reste qu’un.

Alors disons le meilleur roman que j’ai lu ces dix dernières annees : la Route de Cormac McCarthy.

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